Portrait de Cuchi White à 19 ans par Ghitta Carell

Katherine Ann White est née le 22 mars 1930 à Cleveland, Ohio.

Elle prend le nom d’artiste Cuchi White quand elle commence la photographie couleur.

Ses années aux États-Unis

Dès l’âge de quatorze ans, elle s’échappe de Cleveland pour de courts séjours à New York. Les musées et les expositions lui ouvrent des horizons autres que ceux de son milieu d’origine très bourgeois qui l’étouffe. À seize ans, un stage auprès du photographe du Cleveland Museum of Arts déterminera sa vie professionnelle. L’année suivante, elle photographie les rues de New York en s’attachant aux quartiers populaires et mixtes.

En 1948 elle intègre le Bennington College, université dont l’enseignement progressiste est en pointe dans le domaine des arts, pour y étudier la photographie. Grande admiratrice d’André Kertész, d’Edward Weston et de Paul Strand, elle participe la même année à la dernière exposition de la Photo League de New York “This is the Photo League”.

Lors de son premier voyage en Italie en 1949, elle réalise sa première série d’images dans ce pays. Au cours de ce séjour elle rencontre, dans l’atelier d’un sculpteur de Florence, où il travaille, le jeune artiste-peintre Paolo Boni. Il deviendra plus tard son époux.
En 1951 elle obtient le Bachelor of Arts de photographie de son université, avec un reportage photographique sur un lycée public du Bronx où les arts plastiques et la musique tiennent une grande place.

 

Cuchi White à Boccagnello, Italie, 1952 © photographie Paolo Boni

 

L’installation en Europe

En 1952 elle rejoint Paolo Boni à Florence. Ils se marient en 1953.
Cuchi White réalise des photographies d’Italie en noir et blanc dont une cinquantaine lui seront achetées par le journal romain Il Mondo de Mario Pannunzio. Après deux années passées à Florence, le couple décide d’émigrer à Paris.

À partir de 1954 elle vit et travaille en France. Elle poursuit une photographie dans la même lignée sociale.
À la naissance de leur fille Carla en 1958, Cuchi White interrompt son travail de photographe pour mieux soutenir son époux dont la carrière décolle. Le couple est immergé dans le milieu artistique parisien, dans celui de la Côte d’Azur à partir de 1962, et fréquente le cercle des artistes italiens.

 

La découverte de la couleur

Dans les années 1970 elle revient à la photographie par la couleur. À partir de 1975 elle se focalise sur une série de trompe-l’œil anciens et contemporains qui la fait connaître à partir de 1978. Cette série sera présentée dans sa première grande exposition aux Rencontres internationales de la Photographie d’Arles de 1980.
La même année, elle se lance dans une nouvelle série de photographies sur les villas 1900 de la Côte d’Azur. Au cours des années suivantes elle enchaîne les commandes, pour de nombreux musées en France et pour les éditions Citadelles-Mazenod.

 

Portrait de Cuchi White © photographie Jane Evelyn Atwood

Elle réalise une importante série d’images d’architectures et d’ambiances glanées dans les palais, les églises et les grands monuments, ainsi qu’un travail de collecte sur toutes sortes d’interventions fantaisistes dans les rues, qui porte un regard précurseur sur le Street Art.
Elle collabore régulièrement à des projets avec ses amis photographes italiens. En 1984, elle participe au projet collectif orchestré par Luigi Ghirri “Viaggio in Italia”, qui présente les visions de dix-neuf photographes sur les routes italiennes, constituant un jalon novateur et marquant de la photographie contemporaine.

Son travail est publié dans de nombreux magazines et livres. Sa rencontre avec des écrivains comme Michel Butor, Georges Perec, Maurice Roche, engendre une série de livres d’artistes illustrés par ses photographies. Elle réalise de nombreuses expositions en Europe et aux États-Unis. Présente chaque année aux Rencontres de la Photographie d’Arles, elle y anime des stages en 1983 et 1985.
À partir des années 1990, en plus de ses thématiques habituelles, elle entreprend un important projet sur les maisons en forme de bateau, qu’elle appelle Navirland, ainsi qu’une série sur les intérieurs baroques.

Tous ceux qui l’ont connue témoignent de la personnalité liante et chaleureuse de Cuchi White, de sa générosité et de sa passion pour les arts et la photographie.
Elle aimait partir en expédition, étudier ses cartes routières, annoter ses guides et questionner les gens autour d’elle pour alimenter ses recherches photographiques.

En 1997 un grave accident de voiture suivi d’une longue maladie met petit à petit fin à son travail, jusqu’à sa mort en 2013.

 

Cuchi White à Vallauris en mai 2008 © photographie Carla Boni

 

 

Portrait de Cuchi White à 19 ans © photographie Ghitta Carell